Vendredi..
Je roule sur l’autoroute entre Nîmes et Aix en Provence.
Je prends mon ticket au péage.
Soudain, la panne idiote et irrémédiable…. une hantise pour l’automobiliste.
Normalement, avant de vous laisser en rade, votre voiture vous enverra des « signaux de détresse ».
Là, rien.
Un couple d’amis est avec moi ; nous poussons la voiture sur le bas coté.
Nous commençons à bricoler la batterie…rien à faire …la voiture est un corps mort.
J’ai un rendez-vous qui me tient à cœur à Aix en Provence que je ne veux rater sous aucun prétexte ; Mes amis étrangers angoissent…
Dans ces cas là commence la notion d’appel à la solidarité.
Je me place donc à la gare de péage, près du guichet, en imaginant qu’un automobiliste compatissant verra mon capot ouvert, « ma tronche » défaite et volera à mon secours.
J’imagine donc qu’un homme ou une femme aura à cœur d’appliquer le principe de solidarité qui est une valeur et qu’il se soumettra à cette démarche humaniste et altruiste.
C’est avec courtoisie que je sollicite les voitures qui passent en montrant le capot de la mienne, peuchère, qui est exsangue au bord de la route.
Et là, j’ai comptabilisé les humanistes :
Les femmes ne s’arrêtent pas ! aucune !
Bon, on peut comprendre, elles ont peur ! quoique en pleine gare d’autoroutes…
Elles ne sourient même pas ; elles ne sourient plus donnant le sentiment qu’elles sont exonérées de solidarité.
C’est triste.
Les hommes ou couples aux voitures rutilantes estiment ne pas avoir à être e….. é par un type en panne, là, au bord de la route et vous toisent d’un regard même pas compatissant.
Toute la population des ouvriers, chauffeurs, fonctionnaires, livreurs, etc…n’est guère plus généreuse. Ils doivent avoir des objectifs de rentabilité…qui les empêchent de pratiquer cette qualité d’être.
Moi, c’est Youssef qui s’est arrêté avec sa vieille bagnole et qui a pris tout son temps ; il a alimenté ma batterie à partir de la sienne et la voiture a démarré.
J’ai voulu lui sonner une pièce, il a refusé catégoriquement en me rétorquant : « tu n’aurais pas fais la même chose pour moi ? »
Et là, l’idée mauvaise que j’aurais pu ne pas le faire m’a traversé l’esprit.
Mais j’ai quand même répondu : bien sur que oui…
A peine Youssef parti, je démarre ; fausse manœuvre, je cale…et à nouveau le vertige et l’angoisse.
Je recommande pendant une heure à me presque prostituer pour qu’on me vienne en aide ; tout en pensant à l’hypothèse ultime appeler un garagiste avec les frais exorbitants que cela engendre.
Je reviens, tête basse vers ma voiture ; mes amis sont là attendant que je me décide à nous sortir de cette galère…
Je suis près...lorsque je vois passer une petite voiture jaune du service des autoroutes..
Je fais signe en pensant que lui aussi va se tirer ; mais non, il s’arrête, recule, s’approche, sort en souriant de sa voiture, prononce des mots sécurisants : « on va voir, c’est sûrement cela … »
Il remet ma voiture en route ; il est sympa, souriant, détendu, rassurant, agréable, disponible.
J’ai sorti mon appareil photos de journaliste et n’ai pas résisté à vous le montrer :
Il a quand même la gueule de l’emploi, non ? ; C’est-à-dire de ceux qui ne vous laissent pas au bord de la route.
Merci David.